On est monté à bord ; on a appareillé : on a vogué ; on a bourlingué ; on a essuyé des tempêtes ; on a frôlé des icebergs et la catastrophe ; on a vu des phoques et des focs ; on a traversé des bancs de brouillard et l’homme de barre, bourré comme une huître a failli se noyer en voulant s’y asseoir ; on a croisé des croiseurs peints en jaune de la marine chinoise (c’est à cause de la couleur qu’on reconnaît les bateaux de la marine chinoise) ; on a entendu des sirènes à cornes de brume sans jamais en voir une seule ; on a perdu un mât en frôlant l’échec ; on a été secoué par des lames de travers qui ont bien failli couper le bateau en deux ; on a ramé lorsque, entrant par le tuyau d’échappement, le vent a bouzillé le moteur ; on s’est proprement dégueulassé en voulant le réparer ; on a abordé sur une île où on s’est fait aborder par des pirates de l’air qui avaient détourné un avion pneumatique ou un hydravion, je ne sais plus très bien ; on a eu chaud lorsqu’un deuxième iceberg qui venait de l’antarctique, donc du sud, a failli nous percuter ; on s’est mutiné ; on s’est démutiné parce que personne d’autre que le capitaine n’est un bon capitaine ; on a lancé des SOS qui ont certainement dû naufrager puisque aucun bateau n’est venu à notre secours lorsqu’on a coulé. C’est seulement là qu’on a vu un banc de baleine. Mais ce coup-ci, l’homme de barre, à jeun et plus enclin à se poser les fesses dans un bar que sur une baleine, a été prudent.
Mais je ne pense pas que ça ait servi à quoi que ce soit.
Du coup, on a bien été obligé de laisser tomber la campagne de pêche qu’on avait prévue, en Méditerranée. Pour le thon rouge.
J’adore. Tout simple, tout frais. Surtout avec du citron vert.