Les secrets du Trésor de la Nore

À propos du roman de Martine Alix Coppier et de Jean-Michel Thibaux, « Le Trésor de la Nore« , aux Presses de la Cité.

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Géniale l’idée des textes à l’encre sympathique en fin de chapitres. Certes, il faut être prudent (ma page 301 s’étant retrouvée en cendres, j’ai dû racheter un bouquin pour comprendre le chapitre 52). Mieux vaut le fer à repasser (position « lin ») qu’une bougie. Ainsi des zones d’ombre s’éclairent et ce qui était caché apparaît à la surface comme un trésor qu’on découvre enfin. L’interaction exotérisme / ésotérisme, l’un renvoyant à l’autre, produit un magistral effet de « mise en abyme » comme on peut le voir dès la page 54. La page 153 est à elle seule un ensemble de révélations sur l’alchimie. La page 177 donne une réponse claire sur la date « fatidique » du 28 juin, en relation avec la « divine sommation » et les nombres magiques nucléaires , mais la plus « éclairante » est sans contexte la page 463. Un conseil, cependant : faites d’abord un test, mais surtout, ne commencez pas par cette page.

Un livre à ne pas mettre en toutes les mains ? Bien sûr que si !

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A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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4 commentaires pour Les secrets du Trésor de la Nore

  1. Phare & Night dit :

    Tout est dit et bien dit, et voilà qui est bien parlé. Bravo.

  2. PS : J’adore ma délicatesse.

  3. Lâcheté, mon cul ! Du cul entre les deux fesses : la voie du milieu. Les lâches, vous savez dans quel camp ils sont, mais qu’ils nous les lâchent. Ceci dit, la lâcheté c’est comme le courage, et le courage, c’est pas dans les supermarchés que ça trouve, tout juste dans l’éducation que la vie prodigue : Tiens-toi debout, nom de dieu, car personne ne tiendra pour toi.
    Illusion ou pas, je tiens encore debout, et à ce titre, je m’autorise, selon mes propres codes d’honneur, civil, commercial, international et anal s’il le faut à larguer une caisse nauséabonde au nez des empêcheurs de rêve pour le compte de ceux pour qui ça ne gaze pas fort. Et ma mansuétude quasi divine n’ayant nulle borne, j’offre aux bouchés du coeur et bouchers de l’âme la pince à linge qui leur permettra définitivement de ne plus trouver aucun goût à la vie.
    Amen.

  4. Thibaux Jean-Michel dit :

    32 ans et quelques milliers de pages avant « le trésor de la Nore »
    En 1978, lassé d’exercer mon métier d’artificier pour le compte d’un gouvernement qui trahissait mes idéaux, je décidais, au titre d’une évasion intellectuelle et après une indigne blessure par balle russe au cul, d’écrire un roman : Les âmes brûlantes. Cinq ans plus tard, après quelques échanges postaux entre l’auteur en herbe et les éditeurs, mon manuscrit était publié aux éditions Olivier Orban. Je pris la décision de démissionner et de vivre de ma plume. Adieu le clairon, le drapeau, l’honneur du soldat inconnu. Vive l’édition et la gloire de l’artiste reconnu.
    Pauvre naïf, je me retrouvais très vite à court d’argent, mis à l’index par ma banque avec tous les interdits qui s’y attachent. Je louais alors mes services à quelques journaux et me condamnais à pondre des articles alimentaires allant de l’invasion des méduses aux filières de la cocaïne. Ce fut le temps des plats de pâtes et des remises en question, le temps du bonheur aussi. Dans les années 80, les auteurs avaient des relations privilégiées avec les éditeurs. Ces derniers étaient indépendants et libres de choisir leurs sujets. Certes, on entendait quelquefois parler de « coups », de « nègres » et de « stars », mais ces bruits restaient marginaux et nous étions unis, solidaires, honnêtes, vivant dans l’espoir d’être lus et de bâtir des « œuvres ». En ce temps béni, la durée de vie d’un livre était d’un an.
    Aujourd’hui, le nourrisson n’a pas la possibilité d’apprendre à marcher. S’il ne vagit pas sur les étals des libraires avant les deux mois qui suivent sa naissance, il est renvoyé, promis à la destruction, pilonné au nom d’une économie sans nom. J’ai vu mourir ainsi l’un de mes romans : les cités barbares après une série d’incidents sociaux et une grève des libraires à la clef.

    Puis j’ai eu la chance de publier Le secret de l’abbé Saunière, adapté à la télévision sous le titre de l’Or du Diable. Ce roman m’a d’abord permis d’ouvrir un nouveau compte en banque, d’avoir un chéquier et d’être considéré auprès de quelques journalistes de Province. J’étais sauvé mais je voyais disparaître un à un mes amis écrivains qui ne parvenaient pas à vendre plus de mille exemplaires par an. Tout changeait autour de nous. De regroupement en regroupement, les éditeurs absorbés par Editis ou Hachette, vendaient leurs Maisons d’éditions. Plus précisément leurs âmes. Salariés, devenus Directeurs, ils ont à présent l’obligation de rendre des comptes à des financiers qui eux-mêmes dépendent d’actionnaires exigeant des rendements effroyables, des augmentations de bénéfices de l’ordre de 20 à 30 % par an.
    Combien de fois me suis-je dit : « Tu es en train de creuser ton imagination, de passer des nuits blanches, de lutter contre le stress, pour satisfaire les besoins de luxe d’un joueur de golf à Miami ».
    Le livre est devenu un produit, une suite de chiffres dans un code-barres, au même titre que la boîte de petits pois et les barils de lessive. Je vieillis et je me désespère. Ma, notre recherche du temps perdu est vaine. Je vois briller des « People » sur les frontons des top-livres, au sein des fêtes et des salons et sur les plateaux des télévisions. Toutefois, je continue à croire à la bonne volonté des hommes et je ne manquerai jamais d’aider les auteurs débutants en associant mon nom aux leurs. Ainsi ai-je commis un livre La malédiction de l’Ankou avec Jean-Pierre Paumier, et un autre Le trésor de la Nore, avec Martine Alix Coppier. Il est de notre devoir d’aider ceux qui ont du talent et voient toutes les portes de l’édition se fermer devant eux.
    Au mois de mai dernier, j’ai reçu le prix international de la ville de Saragosse où étaient présents les 44 plus grands éditeurs d’Espagne. J’ai eu pour eux des propos amers en prononçant mon discours. Et j’ai redouté l’instant où , devant serrer la main de « Monsieur Planeta », le plus puissant des éditeurs européen, mes pensées ont été pour toutes les petites librairies qui ferment leurs portes et aux éditeurs en redressement judiciaire.
    Je ne lui ai pas montré le poing. La vie est ainsi faite, en cet instant j’ai perdu l’audace de la jeunesse et j’ai cédé à la lâcheté de la vieillesse.

    Jean-Michel Thibaux.

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