Merci à Pierre Vaissière de nous donner à voir l’autre bout de la lorgnette, mais voici ce qui me préoccupe : Vous n’êtes pas sans savoir la misère –tant matérielle que spirituelle– dans laquelle se trouve notre « monde » aujourd’hui. Tous, nous la côtoyons tous les jours dans notre vie quotidienne, dans notre travail, dans la rue, près de chez nous ou au-delà des frontières…
Mon objectif n’est pas de faire pleurer dans les chaumières, cela ne sert à rien. Laissons les larmes à ceux qui souffrent –parfois loin de nous– et qui ont de bonnes raisons de le faire. Si je vous interpelle aujourd’hui, c’est parce que l’heure est grave : ceux qui tiennent les rênes du pouvoir tiennent aussi les ficelles des media, et il nous est souvent bien difficile à nous –pôvres peuchères– de séparer le bon grain de l’ivraie dans ce méli-mélo de ficelles qui nous sont imposées chaque jour. Alors, je ne pense pas que tout cela soit nouveau, mais avec les nouvelles technologies d’aujourd’hui, paradoxalement, cela ne fait qu’empirer. Ce qui se passe en Côte d’Ivoire par exemple, est une belle illustration de tout cela. Hormis l’ingérence inadmissible de la France dans cette affaire, tout comme dans d’autres, j’ai du mal à trouver l’Information avec un grand « I ». Si vous n’avez pas fait Sciences Po ou que votre culture générale est médiocre, que faire d’autre que gober toutes ces images, tous ces témoignages, toutes ces prises de position? Tout cela sous couvert de transparence, bien sûr. Et que dire de cette façon de nous appâter à coup d’ horreurs quotidiennes qui nous sont servies, réchauffées, et resservies sans discontinuer ? Gober, cela signifie avaler rapidement sans mâcher. On « gobe » parce qu’il est quasiment impossible de faire autrement devant cette surenchère d’informations. Le suicide collectif gastronomique de « La grande bouffe » me fait exactement le même effet. Franchement, la seule chose utile que je trouve à faire en réaction à tout cela, c’est d’arrêter de gober l’info, pour la mâcher encore et encore, et encore, jusqu’à ce qu’il n’en reste que la substance première, l’info avec un grand « I ». Arrêtons de nous gaver (laisser gaver) et partons à la pêche aux vraies infos. Car nous n’avons plus le droit de dire « je ne savais pas ».
Roselyne Dre Bi