Séismes et éruptions en Syrie, Libye et au-delà…

Ça a duré des dizaines d’années, sans que ça fasse beaucoup de bruit, juste quelques craquements, à cause d’une terre chauffée à blanc par le soleil. Des dards brûlants, ça et là, crevant quelques abcès en apparence anodins. Pas grave, juste quelques lézardes, quelques rares failles, quelques promeneurs égarés pour s’y précipiter, juste quelques milliers de Syriens hachés menus par une mitraille aveugle. Sans doute la trop forte luminosité, une gêne pour les sbires aux ordres, à plat ventre ou dos courbé devant leur chef pour mieux lui lécher les bottes, garantie bien illusoire de ne pas devenir une cible aux yeux de ses semblables. Juste quelques gémissements, quelques pelletées de terre jetées à la va vite. Ne pas gêner, ne pas se plaindre, ne pas effaroucher les assassins. Chut ! Déjà que…

Puis comme une houle sous le vent, celui venu d’au-delà les frontières de sable et de pierres, de mer et de larmes vite séchées, presque tranquille, trop ? la houle. Avant qu’elle se mette à enfler, houle de terre, volcan, marmite au couvercle de plomb, paroles scellées, lèvres cousues. En découdre.
En découdre avec ces voleurs d’âmes, ces voleurs de chair, ces voyous qui mettent à genou la terre des pères, le ventre des femmes et les rendent exsangues. Terre meurtrie, désertée du cri des enfants qui jouent, de celui des couples qui s’enlacent, des êtres qui s’éveillent émerveillés de vivre libres. Jachère.

Ce temps, tout ce temps de vie confisqué par des tyrans sanguinaires, ici et là-bas, d’une rive à l’autre de l’Euphrate, du Jourdain ou du Nil. Puis au-delà, dans ce pays aride, la Libye, ou coule, œuvre de la folie, un fleuve d’artifices sans rives ni avenir qu’un dictateur a voulu. Plus loin encore, vers l’Océan où d’autres despotes et potentats ont coupé langues, ailes et brisé les élans. S’imaginant pouvoir contenir les forces tectoniques qui sourdaient, aujourd’hui se déchaînent.
Le feu couvait sous la chape de l’oppression et de la servitude. Éruption. Nuées ardentes et coulées de lave, promesses de fertilité lorsque se seront calmées les tempêtes sismiques, éteints les feux de la révolte, apaisées les tensions, collisions et divergences. Les nuées ardentes et coulées de lave, pour l’instant, allument des brasiers du Levant au Ponant, marquant de leurs sceaux ces pays déjà meurtris par l’asservissement et l’humiliation. Sauront-ils circonscrire les incendies et se défaire des mailles du filet que des nations supposées amies et secourables auront jeté pour… les aider ?

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