Croissance, élections, nausée et retournement de vestes

Quelques temps en arrière, et histoire de donner raison à Starkozy à m’sieur  Sarkozy qui promettait de faire revenir la croissance (d’où ? je n’en ai aucune idée),  j’avais décidé de miser quelque argent sur mes présidentiables préférés, sûr d’un retour sur investissement. J’avais fait mes fonds de poche ; vidé quelques troncs déjà visités ; cassé la tirelire des gosses ; fait la manche quête en tant que  membre d’une association de charité caritative de bienfaisance ; volé ses maigres économies à ma voisine sourde comme un pot, et manque de pot, pour elle mais pas pour moi, aveugle comme une taupe ; raflé les maigres pourboires sur les tables des bistrots. Je m’étais mouillé jusqu’au trognon en récupérant les piécettes jetées par des naïfs dans une fontaine éhontément qualifiée de miraculeuse ; avais arraché non sans quelque dégoût doublé d’un plaisir pervers sa dent en or à un clochard ivre mort affalé sur un banc du jardin public  –spectacle désolant pour notre jeunesse– ; fait main basse sur l’argent récolté  par une ONG auprés d’idiots qui croient que le père Noël apporte des cadeaux aux petits Syriens ; etc., plus autres actions rentables moins avouables. Bref, comme dit Starkosy quand il se regarde dans un miroir en même temps que sa dulcinée, l’un dans l’autre, je veux dire tout additionné, ou pour être clair comme de l’eau de roche et les petits rus faisant de bons ruisseaux qui font de grandes rivières, bref, j’avais récolté une somme aussi rondelette qu’un sénateur de notre regrettée IVe République.
Dieu me garde de faire une bêtise et d’acheter n’importe qui, me suis-je dit en aparté, de crainte qu’un malfaiteur ne m’oie –m’entende, si vous préférez– et profite de l’aubaine pour perpétrer un acte répréhensible à mes dépens. Aussi ai-je prêté l’œil et l’oreille aux discours et mimiques de mes candidats préférés : bruits de coursives, café du Commerce et des Négociants Réunis, presse écrite, presse causée, émissions de télé, boules de cristal…
Bien m’en a pris. Façon de parler, car après l’étonnement est venu l’effarement, suivi d’une terrible nausée précédant de peu une déception et une tristesse sans borne. Ah ! les beaux discours, ah l’arsenic, ah la vindicte, la haine, le mépris, la méchanceté, la mauvaise foi, la bassesse, le jugement à l’emporte pièce, la morgue, et j’en passe.

Que faire ? Je me suis saoulé, saoulé encore et encore saoulé. Aux meilleurs crus et spiritueux, qu’est-ce que vous croyez. Quelques potes, tournée des grands ducs, et youp la boum.
Après il m’a bien fallu atterrir. Me sont alors revenues quelques phrases des fameux candidats, quelques appels du pied qu’ils se faisaient discrètement, quelques attitudes caractéristiques des mange merde.
Et alors ? vous demandez-vous.
Il me restait plus de sous qu’il n’en faut pour se faire plaisir en faisant plaisir. Je suis allé voir Josy et sa copine Germaine, toutes deux au chômage, allez savoir pourquoi, je vous le demande. Une dizaine d’années dans une entreprise de confection, puis virées comme des malpropres, compression de personnel, tu parles ! En chinois, ça se dit délocalisation.
Montez une boîte de retouches, je leur ai dit. Là où il y a le plus de ministères, dans le coin des assemblées. Je paie tout. Spécialité : retournement de vestes, avec boulot garanti.
Et alors ? me dites vous, inquiets et impatients.

Elles se sont marré comme des baleines qui entendent les conneries que racontent les Japonais à leur propos, puis on est partis, bras dessus bras dessous, faire la fête.
Si on passait devant les panneaux électoraux, les filles, leur ai-je suggéré.
Yesssss ! Ont-elles hurlé en chœur. 

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A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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