Chamanisme : un destin oublié

Temps 0. De rien (c’est à voir) ou de si peu (c’est tout vu)
Ça grelotte dans le néant. Normal, avec l’obscurité et l’absence de chauffage puisque, du Soleil, seule une très vague idée vient de germer. Dans un instant le ramdam des tambours ouvrira le bal du Grand Tapage. Big-bang ou big-band, on verra. Un pas de deux pour une danse, une série d’autres pour une transe. La transcendance ce sera pour plus tard.

Temps 1. De ciel, de terre, d’eau et de feu
Explosion. Avec le vent arrière dans les voiles, ça flotte dans les larmes, rires ou chagrins, embardées sur les lames, par paquets de mère, quand elle est grosse. Voilà ce que ça donne, d’avoir le feu au cul pour n’avoir pas jeté l’encre. Normal, tout est encore à écrire, comme ce “terre, terre” d’avant l’instant des ruées barbares sur cet ilôt qu’on nommera Terre. Lorsque les langues se seront déliées, beaucoup plus tard.

Temps 2. Racines
Naufragés, il nous faut des racines. Ou des ailes. Cependant, oiseaux quand bien même plus hauts que trois pommes, il nous faudra bien casser la graine, becqueter fruits plus pépins si nous ne voulons en récolter.
C’est ainsi, il nous faudra végétaliser si nous ne voulons végéter.
Alors se planter, pousser, fructifier. Devenir plat de résistance à régaler vers et insectes, condition pour qu’ils viennent au monde. Et nous avec. Je veux dire le mammifère humanisé, plus tard.

Temps 3. Chair
D’abord, c’est plus de la chair à saucisse que du Jésus, et ça n’est pas tout de suite qu’on entendra rugir les lions et qu’on verra s’épouiller les singes.
Larve et insecte, ça n’est déjà pas si mal, côté protéines. Sans parler du, somme toute, avantage d’être un invertébré, question dépenses chez le kiné.
Cependant, Darwin et Lamarck veillant au grain, nous voilà amenés à répondre à leur théorie évolutionniste. Évolutionner, c’est ce que nous faisons, devenant mammifères puis, pour certains, singes ou hommes. Évoluer demandera que viennent langage et syntaxe, creusets de la conscience.
Depuis qu’il y a eu différenciation, les mâles reluquent les mamelles des femelles, mais à cette époque lointaine, seuls les petits savent y toucher goulûment. 

Temps 4. Rituels
S’il arrive à l’oubli d’être costaud, la mémoire, même étouffée sous l’étoupe du temps, regimbe. Si on grelotte encore, c’est de nostalgie, car il y a belle lurette qu’on a inventé le soleil, domestiqué le feu et bricolé des inventions bien inutiles pour nombre d’entre elles.
Ça se gratte la tête dans les chaumières : “Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre?”. L’écho assourdi des grelots et tambours, à une tripotée de milliers d’années, bat le rappel. Être un humain, ça n’est pas du gâteau. Surtout lorsqu’on a oublié nos racines minérales, végétales et animales et qu’on a remis notre destin entre les mains de notre seul mental. Ce qu’a fait l’homme moderne –évolué, paraît-il– qui s’est délibérément et une fois pour toutes placé “au dessus du panier”, se comportant en potentat absolu.

Chamanisme
C’est cette danse oubliée qui fait se mouvoir l’homme minéral, végétal et animal et qui l’accompagne dans une réconciliation avec la Nature. 

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A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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