À trop vouloir remonter le temps, son ressort a fini par lâcher. Vlan ! Il a traversé l’espace pour venir se ficher dans la photo sépia scotchée sur la pendule. Cette photo, je l’avais dénichée au grenier, dans une malle que ma lignée s’était transmise de génération en génération. Je t’aime, deux mots maladroitement écrits au dos, à l’encre violette, suivis d’une signature entendue. Deux mots dont je m’étais fait le destinataire, sans léser, de fait, qui que ce soit. Avec le temps, vous pensez…
J’ai du mal à accepter que des écrits jetés au vent atterrissent n’importe où et sous n’importe quel regard, et quel que fut le lieu d’une quelconque trouvaille de cet ordre, j’eus agi de même.
J’ai enlevé le ressort, descotché la carte de la vitre brisée de la pendule. Pour laisser le temps libre de s’écouler hors de la prison de l’horloge, je ne remplacerai pas son écran de verre.
J’ai posé la photo sur mon écritoire, trempé la plume dans l’encrier, ai retenu mon souffle. De ma plus belle écriture, j’ai répondu Je t’aime, moi aussi. Il était entendu que je n’avais pas à signer. J’ai soigneusement glissé la photo dans la poche intérieure de mon veston.
Rassuré, j’ai continué à vaquer à mes occupations en laissant le temps faire son office.
Joli, très joli! J’adore quand tu te lâches de cette façon là!
La Mite