Solidarité

Croisé un pauv’ diable. Jésus, qu’il dit s’appeler ; tu parles !
Tendu un morceau de brichton et un morceau de calendos.
Cherché trois sous dans mes poches. Vides.
J’mange pas d’ce pain-là qu’il me rétorque en me voyant faire.
Ça tombe bien, je lui réponds un rien sur le cul, j’en ai pas.
Des apôtres comme çui-là, c’est pas que ça court les rues, sauf des fois quand ils ont la maison poulaga aux miches, mais ça fleurit de par chez nous.
Pas facile de faire le Jésus, surtout en hiver qu’est pas une saison pour.

C’est pas que je l’aurais pas prié de venir se réchauffer la couenne chez moi. J’ai un poële au poil quand il veut bien tirer, mais bon, hein, vous voyez c’que c’est…
Sentait fort le gars Jésus, sentait la rue, celle où on va pas trop, trop loin, pas sûre, une que les éboueurs tu leur dis le nom, ils voient pas.
J’ai même pensé un moment qu’un bon bain chaud ça lui ferait pas de mal, mais vous imaginez… Puis quoi, j’ai qu’une douche. C’est vrai qu’après, il aurait moins senti. Une fois propret, je lui aurais même prêté une paire de vieilles tatanes.
Alors je lui aurais mitonné un frichti, même pas grand chose, mais un truc qui tient au corps. J’aurais sorti une bouteille de vin. Peut-être pas du bouché, mais quand même.
Voilà.
Puis après j’aurais fait quoi s’il s’était mis à prendre ses aises ? Alors, comme on sait jamais trop c’qui peut se passer…

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A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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