Bohêmes

 CopyrightFrance.com

Bohèmes ou poèmes ?

Des textes qui frôlent la poésie jusqu’à la fleurer…
Des poèmes…
Des rêves et voyages au-delà des étoiles…
Des images tracées par les mots…

Le marchand de couleurs

Suis allé chez le marchand de couleurs. Un vieux bonhomme, vieux comme le vieil immeuble délabré qu’il habite. Les gens disent qu’il est délabré comme son immeuble qu’on dirait une carte postale sépia. Il y aurait un accordéoniste avec un béret et un pantalon à carreaux tenu par des bretelles, comme pour son piano. Le vieux, c’est vrai qu’il est un peu délabré, les enduits tombent par plaques, les chenaux ne gardent plus l’eau, les lignes électriques et téléphoniques pendouillent de partout ; les poètes c’est comme ça, on n’y peut rien, ils ne savent pas se tenir. Si encore ils avaient les cheveux courts et qu’ils étaient rasés de frais du matin, mais non.

Le vieux marchand de couleurs, c’est du rêve qu’il vend, en musique, avec la musique des alizés qui font se pencher les arbres de plaisir. Le plaisir, c’est au sol qu’il se cueille, ils le savent les arbres. Les gens ils n’y connaissent rien à la musique des couleurs. Ils s’imaginent que plus tu en as en rayon, plus il y en a des millions.

J’oubliais : il s’appelle Ferdinand. Me demandez pas pourquoi, c’est comme ça. Lui, il n’aurait qu’une seule teinte qu’il serait quand même capable d’en bricoler des nuées de nuances. Avec les trois qu’il fait fricoter plus ou moins ensemble et en même temps, il est l’empereur du ciel, de la terre et des arbres qui se penchent pour voir germer le plaisir des yeux quand le beau se fabrique. Ferdinand, avec des trois fois riens, il te redore un blason quand tu veux, il te rosit un visage, il te rend vert de peur même si tu ne sais même pas ce que c’est que la peur, et il te fout si fort le bleu à l’âme que si tu n’as pas mis une blouse, c’est vite fait qu’on croit que tu es l’océan en personne, un jour où il fait beau. Ferdinand, c’est pas tout, il fait aussi chanter les gris mouillés des jours qui s’éternisent, et faut le voir sur son escabeau géant avec une tripotée de pinceaux, comme le type des vins Nicolas avec ses bouteilles en éventail , si ça se trouve il s’appelle Nicolas. Et vas-y que je te peints un soleil, que même si c’était la nuit il le ferait quand même.

Pour les couleurs, il est très très fort, monsieur Ferdinand. Les gens ils disent que la vie c’est pas rose. Moi je leur dis qu’au lieu de dire des insanités comme celle-là, ils feraient mieux d’aller le voir, surtout que ça n’est pas difficile, il est toujours là à attendre qu’un poète de ses amis revienne vers l’huis d’un long voyage. Il s’y est assis sur un siège pliant, pratique pour plier bagage.

Ferdinand il serait bien parti avec Jacques Douai. Mais la boutique, qui la tiendrait depuis que sa femme s’est faite gris de cendre, quelle drôle d’idée. Le gris de cendre, ça n’est pas sa spécialité.

Depuis il s’ennuie un peu, et pire.
Elle ? Mélie qu’on l’appelait. Un diminutif, mais je n’en suis pas sûr. Amélie ? Mélanie ? Mélina ? Mélisse ? Je l’aimais bien avec ses joues bien rouges, ses pommettes qui fleuraient la violette, ses yeux qui avaient le goût de la mauve et je ne dis pas tout. Je n’étais pas le seul à l’aimer ; Ferdinand, son mari, sûr qu’il l’aimait aussi. Pas comme moi, mais au moins comme tous ceux qui l’aimaient, il y en a bien qui aiment les fleurs.

Des fois on se retrouve, sous prétexte qu’on a besoin de couleurs, c’est vrai que depuis qu’elle n’est plus on est tous un peu pâlichons. Ferdinand fait bien ce qu’il peut, mais le maquillage, c’est pas son fort. Lui il appelle ça du grimage. On boit du blanc, du rosé, du rouge, des fois du blanc avec des bulles ou du cidre que Joseph, le normand de la bande qui n’a jamais revu sa Normandie depuis le naufrage, se fait livrer par un ancien de la guerre qui était dans une escadrille, je ne sais plus laquelle, un truc mi-normand, mi-russe, ou pas loin.
On est là à se soutenir, comme des andouilles, et comme on est un peu gauches, qu’on a grand coeur malgré qu’il est gros, on chante. C’est bien tout ce qu’on peut faire pour nous aider à faire couler quelques larmes que les balourds qu’on est n’osent pas sortir, des fois qu’on se prendrait à croire qu’on a du sentiment.
On sort l’accordéoniste de sa rue sépia, quitte à lui remonter les bretelles pour qu’il joue. Les paroles, on les sait quasiment par coeur, mais comme des fois le coeur n’y est pas du tout et que ça nous chamboule la mémoire, Ferdinand sort de sa poche le calepin où il noté les paroles des chansons de Jacques Douai, au cas où, et c’est parti.

Mes amis des courts voyages
Sont revenus dans le port
Ils ont mis sur leur visage
Le masque doux de la mort.
Ils ne seront plus les mêmes

(calepin)

Il manque celle que j’aime
Je n’ai plus rien dans les doigts.

Mes amis (calepin)

Mes amis que j’ai perdus
Et c’est leur voix que les ondes
Nous ont seulement rendues.

(calepin)
(calepin)
(calepin)
(calepin)

La chanson, on arrive toujours par s’en sortir.
Les quelques snifs et les voix qui déraillent, c’est rien d’autre que la fraîcheur du soir.

Sentiments

Il l’étreint, elle l’étreint, il s’éreinte, elle l’éreinte, elle l’allume de fards pour quelle route, la leur.
Reine, sirène, égérie, muse, elle s’amuse à se jouer de lui, sans mal y pense, se joue à l’amuser de lui lorsque, errance marine, son nom s’égare, coule entre naissance et vie.
Les vagues s’affolent la voyant les fendant, en perdent le rythme jusqu’à venir se briser en n’importe quel isthme, estuaire, fente, du moment que l’odeur d’iode, de pisse et de menstrues éclate, fleur épanouie dans cette putrescence jamais assez magnifiée.

Figure de proue, fesse de poupe bien singulière, on est sirène ou non, il se berce en son linceul d’écailles, croit nager mais ne fait qu’y sombrer, naufrage, ne sachant y nager. Elle l’emporte en ses eaux amniotiques, remembrance, rappel, souvenance, recouvrance, amnésie, c’est du pareil au même quand on ne sait même plus qu’on ne sait pas. On ne sait rien de la vie, il en sait tout autant, ne sachant pouvoir savoir quoi que ce soit, si ce ne sont les abysses organiques qui le nourrirent avant de le voir mourir à la vie en cette date anniversaire, un jour finalement comme les autres, pour les autres, de cette année lointaine.

Il s’épand, se répand, s’épanche en elle, royale figure de proue qui en prend plein les ouies lorsque Eole se fait furieux de ne pas encaisser de royalties des grands fabricants d’éolienne, Mistral, Grec et Autan en emportent le vent et son souvenir. Entre ses cuisses, ayant fouit sa tête en son antre intestine, elle le lange, lui dit des mots qu’il ne sait comprendre, le berce, le console d’avance de ce qui adviendra, le silence. Le silence d’un coeur qui, s’il bat encore, bat pour lui, tam sans tam, ou s’il bat pour deux, comment l’entendre à travers les brumes ?

Navire, il est navire, porté par son souffle à elle qui fait naître les embruns. Elle déchire les lames de larmes, sassant ressassant toujours ces mêmes mots d’amour qu’elle ne sait que dire, sac et ressac. Il ne sait les entendre, tumulte de la mer, ses oreilles sont ces astres perdus de part et d’autre du sexe. De sa poitrine gorgée de sève, celle qu’elle ne donna point pour, peut-être, pouvoir l’abreuver lui, la voilà ouvrant une déferlante, l’abreuvant d’injures, la déchirant, l’envoyant s’aller fracasser ailleurs, comme à Ostende au casino.

Ceux du levant attendent leur heure, qui ne viendra pas. L’est est pourri, orage et grain ; l’espoir est au ponant, quand la signalétique leur met un STOP en pleine poire, blette.
La voila cependant, nez au vent, rampant, glissant, flottant, nageant, gueulant dans son porte voix pour que les rafiots dégagent la voie et que le temps se mette au beau. Elle les veut tous deux arriver.
Femme, elle est mère d’homme et il est homme. Il s’allonge en cet écrin dans lequel il se sertit, s’y love.

Par beau temps, on les voit croiser au grand large.

.

D’abord, les paumes des mains, ouvertes, s’offrant à recevoir ce qui jaillira de son océan, fosses et dorsales. Doigts dressés, antennes, à palper un impalpable indicible qu’il voudrait revêtir de mots pour préserver la pudeur.
La peau, écran d’innombrables pixels, des millions, pour recevoir l’image de ce qu’est vivre à ses côtés, elle qui, peut-être autant que lui, se languit de ce temps qui se fait attendre comme de celui qui sépare et comme, encore, celui qui sans cesse relie comme il les relia ailleurs et déjà.
Il conjugue les accords, essayant d’autres harmonies, piano, pianissimo pour ne point effaroucher sa belle que les tumultes attristent, attisés par ses propres tumultes lorsque le vent, plutôt que de les porter, les emporte, tempête.
Les phalanges qu’il aurait pu aimer baguées, chevalières, sont libres et nues de tout contrat, ce qui leur donne la liberté d’aimer, tandis qu’habillées d’or ou d’argent elles eussent été parées des barreaux de la pesanteur. Les doigts, dix, courent sur le clavier, évitant les accords parfaits, reflets des visages sans tain qui laissent s’enfuir les regards qui, s’en allant, s’en vont se perdre.
Les lèvres s’en mêlent qui murmurent des mots à défaire les murailles, au creux d’autres lèvres, là où s’est brisé le mât de son esquif. Artisan de la mer, de ses eaux, de ses salins asséchés aux étés trop longtemps sans pluie, de ses colères, de ses vagues à l’âme, de ses soupirs et de ses joies qui laissent pantois de bonheur, il sait le travail du bois, du chanvre, du naphte. Ses mains sont prêtes à affronter cals, gerçures et ravines : à la mâture, radoub terminé, la grand voile s’ancrera.

Elle se nomme, par sa chair, houle, marée, mer étale. Il y navigue à vue, ne sachant de quel autre instrument se servir n’ayant pour seuls biens que ses yeux verts ouverts que son coeur dessine. Ne pouvant voguer sur elle, le voilà qui vole, la survole, trouvant parfois un havre, frêle escale qu’écourtent les fantômes de ses voyages passés. Ils mugissent, rugissent, font écho aux hontes, aux ordres, aux abandons, aux naufrages qu’une histoire à tracés, dans le lointain.
Son ventre sur le sien dit épousailles, sa vergue tournant du noroît au suroît cherche le souffle qui lui fera accoster l’île qu’elle est. Il a soif.
Elle se nomme puit, source, torrent. Il s’y rafraîchit mais ne peut s’y baigner, ne sachant, lorsque le feu le prend, en quelles eaux il se trouve.

Défaire les fils qui lui ont scellé les lèvres comme il défait les siens propres, en cet instant.
Il est nu, en offrande, pour laver ses offenses.
Il se livre, pieds, mains et parole déliés pour crier l’amour.

Lettre d’amour impubliable

.

Envie d’écrire, pas vraiment, hors, appel des mots. Pas vraiment. Appel du clavier, le crayon exige recopie, c’est pas de la technologie de pointe quoiqu’on en pense on a beau le taillecrayonner. Clavier, machine, mots à cent sous, doigts agiles pour oublier ce qu’ils valent. La valeur des maux ? C’est pas tous les jours qu’on tient un Palissy. Frappe au long cours pour un voyage,  une promenade. Jardin des lettres à fleurir, si le temps le permet, mais on ne sait jamais, quand on ne se sait pas. Éclosion, mots, phrases, mots ronds, carrés, tordus, pointus, acides amers avec ou sans virgule plus de frontière liberté et avec ça je vous mettrai bien un ou deux points non merci ni majuscule ni ponctuation ni pas de faute garder juste retour chariot quand essoufflement soufflet camouflet de la fatigue qui guette à demi-mot un tiret pas bien pas bien ça casse le désert ça l’habite ça le rend bruyant plus rien n’y brille apostrophe mal pas bien c est comme petit tu vois petit je veux dire quand on est petit et que ça discutaille papa maman avant que ça finisse en disputaille maman papa et tout le monde qui sang mêle pêle mêle et qu on se bouche les oreilles mais que ça sert à rien parceque papa crie haut avec sa voix basse pendant que son épouse parce qui l lui avait mis une bague au doigt pas mise à l index hélas piaille hélas se désole hélas crie de plus belle hélas qu elle va retourner chez sa mère hélas pour elle tant mieux l essentiel est quelle parte hélas elle est jamais partie toujours restée si ça se trouve parce quelle a jamais vu que je me bouchais les oreilles sinon peut être elle aurait parti cétait sa seule répartie jamais jouée toujours perdue davance les soirs d au théâtre ce soir cétait plus drôle même que je me rappelle DE une pièce cétait les portes claquent dommage qui n y ait qu elles qui claquent mais cest une autre histoire que je me souviens pas peut être parce que jai oublié qu on devait dire se rappeler rien tandis qu on dit se souvenir de rien je n y peux rien cest la règle c est comme ça et pas autrement c est comme ça et pas autrement c est comme ça et pas autrement que mon père mes institueurs et trices mes professeurs mes chefs et les chefs des autres, les professeurs des autres, les instituteurs des autres auraient dû s appeler tous
ça aurait été plus simple surtout pour moi qui me rappelle jamais les noms des uns des autres à quoi ça sert quand c est les mêmes à un souvenir près les NON je m en souviens on s en souvient comme les paires de claques d ailleurs les non allaient toujours par deux rapport que javais deux parents une claque chacun joue droite joue gauche c est pour ton bien le maître qu est ce qu il était fort les deux à la fois parce qu à lui tout seul cétait une paire de claques complète aller retour pour mon bien et je crois pour son bien à lui surtout les mots les miens c était secret assassin méchant gardés au chaud pour un plat à servir froid vengeur puis toujours la mémoire on oublie plus tard d autres mots aussi dans ma fabrique de mots pour pouvoir me dire que ça c était à moi comme le monde qu ils me dessinaient qui était le monde que je voulais il nest jamais venu mais j y crois encore il n est jamais venu parce que je n y crois pas assez comment croire quand on apprend le mensonge et qu on apprend que le mensonge est la vérité vraie sans trucage c est ce qui ls disaient tout en disant le contraire pour bien faire voir tout le bien qu ils me voulaient

aujourd hui pour m’inventer du vrai je me sers tout plein de mensonges comme celui d écrire en croyant changer le monde mais le monde il est derrière il est pas devant devant ça nexiste pas ça na jamais existé demain c est ni rond ni carré ni aigre ni rien du tout ni rien demain c est rien que du rien mais s il fallait que ce soit un mot de quelque chose ce serait un mot doubli pas un mot de souvenir un mot casse barreaux demain c est pas encore marqué prison dans la tête et il ne sera jamais marqué parce qu on ne peut pas retenir quelque chose qui n existe pas cest comme les apostrophes d’avant
demain ne sera jamais marqué parce qu’on ne peut pas retenir ce qui n’existe pas plein danniversaires pour oublier les apostrophes les points les virgules ou me rendre compte qu ils nexistaient pas dans plein dautres anniversaires je comprendrai que les mots n existent pas non plus alors je saurai peut être ce qu être signifie
Mia bella mia bellissima mia maxima tutti silencioza cest bien singulier de n en pas savoir le pluriel de ces mots singuliers singulièrement mal ortaugrafiés juste un mot quelques uns de plus pour vous souhaiter une belle semaine des nuits sans moustique des rêves sans drame et rien que des idées roses à défaut de carottes parce que ça fait du bien au teint. J’en tiens au frais pour vos retours sages et ceux d âges.
Je glane des mots à défaut de glaner des glands pour l’hiver au cas où celui-ci jouerait l’essaim de glaces prolongé, vous offrant une part de mes récoltes, celle du soir. Du partage, car c’est lui qui me manque, si je fais abstraction de vous.

Remajusculation Errance à tous les étages, à celui de ma plume qui, s’étant fait la malle, est relayée par le clavier.  Je me laisse écrire, écrivant ce qui vient à se dire, c’est à causer laissant courir le flot, quitte à y être entraîné. Peu de risque de noyade

pour l’instant.

il y en a qui ponctuent leurs phrases, moi des fois pas toujours, mais des fois, de tas de choses invraisemblables comme des questions affirmatives avec les drôles de points qui vont avec par un deux ou trois avec quoi je demande se retrouver désatrophié d’apostrophes je réponds.

préférer un festin provençal pour nos trente deux sens, à mener-mener ensemble. Accés pour l’instant bloqué tant pis dommage mis au block starting ressort usé
Alors dites moi les senteurs, dites moi les vagues, la pluie, le vent, dites moi les calanques, les nôtres, pas les vôtres, la couleur des fleurs… Révolte-face dites moi vos fleurs et leurs noms vos vagues et leurs demeures vos routes et leurs entrelacs et leurs eaux où se mirent vos ravines et vos escarpements dites aussi vos vallées aux fragrances de mai et ces autres aux senteurs d’automne
Ô si
Dites moi l odyssée de ceux là que nous sommes avec leurs doutes joies desespérantes leurs rires sottises qui jalonnent leurres cheminements..

.


Laisser un commentaire