Gasland : de l’eau dans le gaz ; du gaz dans l’eau

Que d’eau, que d’eau ! aurait dit Mac Mahon, en voyant la Garonne en crue, sans doute un jour où le rapporteur de cette si célèbre parole n’en avait pas mis dans son Pastis. On rapporte aussi que le préfet lui aurait répondu :  Et encore, monsieur le Maréchal, vous ne voyez que le dessus. On lui attribue pire, à notre bon Mac Mahon, mots idiots et autres gentillesses comme lorsque, nommé à la tête de l’armée versaillaise il avait sèchement réprimé la Commune : 30000 tués, 38000 emprisonnés, 7000 déportés, plus fort  que Bachar al-Assad si on considère le mauvais “rendement” des armes de l’époque.
Mais que viennent donc faire ici Mac Mahon, la Garonne en crue, la Commune et Bachar al-Assad ? vous entends-je questionner. Quel rapport avec ce qui suit ? vous entends-je insister.
 Bah, simplement qu’il s’agit d’eau, de pouvoir, de révoltes et de meurtres. Purs et simples, quoi que…
Ingrédients que l’on retrouve aux États-Unis d’Amérique, nation si joliment chantée et vantée, parfois aussi –et hélas– un peu trop ventée :

O beautiful for spacious skies,
For amber waves of grain;
For purple mountain majesties
Above the fruited plain!
America! America!
God shed His grace on thee,
And crown thy good with brotherhood,
From sea to shining sea.

Je vous fais grâce du deuxième couplet, mais m’en voudrais d’occulter le troisième.

O beautiful for patriot dream
That sees beyond the years
Thine alabaster cities gleam,
Undimmed by human tears!
America! America!
God mend thine every flaw,
Confirm thy soul in self control,
Thy liberty in law.

Pauvres de nous, des fruited plain, et pauvres d’eux, trompés jusqu’aux tréfonds par dieu. Je parle du dieu Argent, autrement nommé Pognon, Artiche, Oseille, Fifrelins, Pépètes, Tunes… of course, comme le disent les insulaires outre Côte-d’Azur. Étas-uniens trompés jusqu’aux os (prononcer eaux) par les nobles extracteurs de gaz de schiste qui, Dieu en est témoin, continuant leur œuvre de soudards criminels, vont rendre exsangues les ruraux du coin, rendre stériles les vertes prairies plus les bestiaux qui y paissent en paix, et rendre l’atmosphère si toxique qu’il pourrait bien y avoir des dizaines de milliers de victimes. Avec les applaudissements des plus hautes instances que leur position en altitude épargnera. Un temps. Celui que les gens mettront à juger les criminels pour leurs agissements indignes. 

C’est en repensant à Gasland, le film de Josh Fox, que me sont revenues les bribes d’une chanson : « Oh ! Oh ! Marchand d’eau ! – Qui veut de l’eau ? – De la belle eau – De la bonne eau – De mon tonneau. Une fois les paroles retrouvées (Youpi ! et bravo Internet), j’ai fait joujou avec le texte d’origine pour en écrire une gentille parodie, que je livre, brute de décoffrage.

Oh ! Oh ! Marchand d’eau !
Qui veut de l’eau ?
De la belle eau
De la bonne eau
De mon tonneau

 

Approchez clients et pratiques
Faites pas comme mon cousin d’Afrique
Qu’est mort de soif dans le désert
En désertant des légionnaires.
Parce qu’après dix-huit jours sans boire,
Dans son délire il a cru voir
La Madelon dans une oasis
Qui servait du pastis.

 

Je ne suis pas de ces fripouilles
Qui vendent seul’ment de l’eau qui mouille
Mon eau on en fait tout c’qu’on veut
A part évidemment du feu.
C’est mieux que l’élixir d’amour
C’est le bonheur de tous les jours
Pendant l’été c’est pour le bain
L’hiver pour le patin.

 

J’en ai vendu à des marquises
Pour laver leurs petites chemises
A des escrocs guatémaltèques
Pour laver les noms sur les chèques.
A des bègues pour leurs postillons
A des bistrots pour leurs bouillons
Et même à la cour d’Angleterre
Pour mettre dans leurs théières.

 

Approchez clients et pratiques
Si j’la vends 3 sous la barrique
C’est qu’cette eau-là m’tombe du ciel
J’suis l’commis du père éternel.
Et si je m’tape un p’tit coup d’blanc
Quand j’ai fini mon boniment
C’est qu’je suis un honnête garçon
Moi je n’bois pas mon fonds.

 

 

Oh ! Oh ! Marchand d’eau !
Qui boit de l’eau
De la bonne eau
De mon tonneau
F’ra pas de vieux os

 

Approchez clients d’Amérique
Benzène, toluène et arsenic,
Phtalates et même acide borique,
Mon eau que j’garantis toxique,
Cancérigène, neurotoxique
Vous f’ra passer en un déclic
D’la bonne santé à la panique,
Et tout ça pour du fric.

 

Je ne suis pas de ces andouilles
Qui vendent seul’ment de l’eau qui mouille,
Mon eau on en fait tout c’qu’on veut,
Des polluants et même du feu,
C’est mieux que le bouillon d’onze heures,
C’est tous les jours un grand malheur,
Affliction et désolation,
Les larmes à la maison.

 

J’en ai fourgué à des naïfs
A un prix très prohibitif,
J’ai reversé des tas de dollars
A mes amis politicards,
J’ai embobiné ces couillons,
Si j’plonge ils boiront le bouillon.
Je ments, magouille et les embrouille,
J’les tiens, ces viles fripouilles

 

Approchez clients d’amérique,
Si j’la vends si cher la barrique,
C’est qu’cette eau-là tombe pas du ciel,
J’suis l’commis du fric éternel.
Et si je m’tape un p’tit coup d’blanc
Quand j’ai fini mon boniment,
C’est qu’j’suis pas l’dernier des cons,
Pas d’risque que j’boive mon fonds.

gaz_dans_eau

Pas de doute, il y a bien du gaz dans l’eau. Et pas que ça.

Allez, et rien que pour le plaisir, une autre chansonnette où il est question d’eau.

Vive l’eau, vive l’eau
Qui rend propre, qui rend propre,
Vive l’eau, vive l’eau
Qui rend propre et qui rend beau.

Et la même en anglais

Long live water, long live water
That makes you clean, that makes you clean.
Long live water, long live water
That makes you clean and makes you beautiful.

A propos pierrevaissiere

On avait réussi à collecter une dizaine de mots qui parlent de l'olibrius qui écrit ces âneries, et voilà, ils se sont échappés. C'est pourtant pas faute de les avoir tenus en laisse.
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